Dans l’ombre d’un bar de Goma, un client scrute les entrées et les sorties. Il a grandi à Beni, la seconde ville de la province du Nord-Kivu, et reste jusqu’à aujourd’hui marqué par l’occupation ougandaise à la fin des années 90 : « Ce n’est pas la première fois que l’armée ougandaise arrive à Beni. Je suis arrivé à Beni quand j’avais 10 ans. Ils tuaient, ils volaient… Ça ne s’oublie jamais. »
À quelques rues, Stewart Muhindo, militant du mouvement citoyen La Lucha, est lui aussi ressortissant du grand Nord. Il était de ceux qui réclamaient depuis 2020 qu’un appui militaire extérieur soit apporté aux forces congolaises.
« C’est quand même assez difficile à comprendre que les mêmes populations qui ont été victimes des affres de l’armée ougandaise soient obligées de la recevoir comme sauveuse, s’indigne le militant. Il y a le désarroi d’être tué chaque fois, mais il y a aussi cette crainte que les faits que nous avons vécus reviennent. »
Aujourd’hui, plus de 1 500 soldats ougandais ont traversé la frontière. Mais les informations arrivent au compte-goutte jusqu’à Goma, déplore Louise Nyota, la vice-présidente de la société civile du Nord-Kivu : « Il n’y a pas beaucoup d’informations. Quand nous faisons la réunion de sécurité, souvent nous, la société civile, ne sommes pas impliqués. Ici, maintenant, nous attendons les résultats… »
Depuis 2013, selon l’épiscopat congolais, plus de 6 000 personnes ont été tuées dans la région de Beni.