Le Rwanda a conclu un accord avec le gouvernement britannique qui délocalisera une partie du traitement des demandes d’asile du Royaume-Uni vers le pays africain.
Cette décision a été condamnée comme irréalisable et inhumaine par les politiciens de l’opposition britannique, les organisations caritatives et les groupes de réfugiés.
Le ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, doit annoncer jeudi au Rwanda les détails de ce que le gouvernement britannique appelle un « partenariat de développement économique ».
Selon les médias, le plan du gouvernement verrait des hommes célibataires arriver en Grande-Bretagne de l’autre côté de la Manche dans de petits bateaux transportés sur 6 400 kilomètres jusqu’au Rwanda pendant que leurs demandes d’asile sont traitées.
L’arrangement coûterait à la Grande-Bretagne environ 158 millions de dollars et fait suite à des échecs dans la conclusion d’accords avec l’Albanie et le Ghana.
Simon Hart, le ministre du gouvernement britannique pour le pays de Galles, a déclaré que l’objectif était de « rompre » le modèle commercial des gangs criminels de passeurs.
Le gouvernement britannique subit une pression croissante pour faire quelque chose au sujet des milliers de personnes arrivant dans le sud de l’Angleterre, principalement de France.
Plus de 28 000 personnes sont entrées au Royaume-Uni sur de petits bateaux l’année dernière, contre 8 500 en 2020 et seulement 300 en 2018. Des dizaines sont mortes, dont 27 personnes lors du chavirement d’un seul bateau en novembre.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a parlé jeudi d’arrêter les passeurs derrière les passages de la Manche. Il a qualifié le plan de « radical » et qu’il s’attendait à ce qu’il soit contesté devant les tribunaux.
Le ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a qualifié son arrivée dans la capitale rwandaise, Kigali, de « moment important pour le nouveau plan d’immigration ».
Steve Valdez-Symonds, directeur des réfugiés à Amnesty International UK, a déclaré que « l’idée scandaleusement mal conçue du gouvernement ira bien plus loin en infligeant des souffrances tout en gaspillant d’énormes sommes d’argent public ». Il a déclaré que le bilan « lamentable » du Rwanda en matière de droits de l’homme rendait l’idée encore pire.
Le directeur général de l’organisation britannique Refugee Council, Enver Solomon, l’a qualifiée de « décision cruelle et méchante » et a prédit qu’elle n’arrêterait pas les gangs de passeurs.
Selon un rapport de Human Rights Watch de 2020, les détenus au Rwanda souffrent de détention arbitraire, de mauvais traitements et de torture dans des établissements officiels et non officiels.