La junte au pouvoir au Mali a nommé jeudi un nouveau Premier ministre issu de ses rangs militaires, un jour après avoir limogé le Premier ministre civil qui avait ouvertement critiqué le régime.
Cette nomination consolide davantage le pouvoir entre les mains de l’armée, qui gouverne le Mali depuis sa prise de pouvoir lors d’un coup d’État en 2020, suivi d’un deuxième coup d’État en 2021.
Mercredi, le Premier ministre civil Choguel Maïga a été démis de ses fonctions après avoir critiqué la junte pour avoir retardé l’élection présidentielle initialement prévue pour 2024. Sa révocation a été annoncée dans un décret présidentiel publié par le général Assimi Goïta, le chef militaire du Mali, et lu sur la radiotélévision d’État, l’ORTM.
Jeudi, le général Abdoulaye Maïga a été nommé pour le remplacer, selon Alfouseyni Diawara, secrétaire général de la présidence malienne. Les deux Maïga n’ont aucun lien de parenté.
Cette nomination place les trois branches du gouvernement de transition du Mali – la présidence, le Conseil national de transition (qui fait office d’organe législatif) et la primature – sous le contrôle ferme de l’armée.
Le général Abdoulaye Maïga, 43 ans, a occupé plusieurs postes clés sous la junte, notamment ministre de l’Administration territoriale, porte-parole du gouvernement et vice-Premier ministre. Les analystes estiment que ses liens étroits avec Goïta ont joué un rôle décisif dans sa sélection.
« Le choix du nouveau Premier ministre montre que l’armée resserre son emprise sur le pouvoir. Le général Maïga est considéré comme particulièrement proche du président Goïta, qui voulait quelqu’un de loyal alors que le pays se prépare à d’éventuelles élections l’année prochaine », a déclaré Ulf Laessing, responsable du programme Sahel à la Fondation Konrad Adenauer au Mali.
Laessing a ajouté : « Choguel a provoqué son limogeage en se positionnant comme un candidat potentiel aux élections. »
Bien que le général Abdoulaye Maïga ne soit pas l’un des cinq officiers directement impliqués dans le coup d’État de 2020, il a rapidement pris de l’importance au sein de la junte et est devenu un personnage clé du gouvernement de transition.
Il est connu pour sa rhétorique enflammée, notamment contre la France et la MINUSMA, la mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali aujourd’hui disparue. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, il a vivement critiqué les diplomates algériens qui ont accusé l’armée malienne d’avoir tué des civils près de la frontière avec l’Algérie.
Depuis leur arrivée au pouvoir, les dirigeants militaires du Mali ont renforcé leur contrôle sur le pays, réprimant la dissidence en restreignant sévèrement la liberté d’expression. Plus d’une douzaine de politiciens et d’activistes ont été arrêtés pour avoir dénoncé la junte.