Un navire égyptien a livré une importante cargaison d’équipements militaires à la Somalie, ont déclaré des responsables de la sécurité de la capitale, Mogadiscio.
Le ministre somalien de la Défense, Abdulkadir Mohamed Nur, a remercié l’Égypte dans un message sur les réseaux sociaux sans mentionner spécifiquement les armes.
Il s’agit de la deuxième livraison de ce type en provenance d’Égypte en un mois, alors que les relations entre la Somalie et son voisin et ancien proche allié, l’Éthiopie, se détériorent.
L’Égypte, rivale de longue date de l’Éthiopie, a profité de l’occasion pour se rapprocher de la Somalie, attisant les inquiétudes quant à la montée des tensions dans la Corne de l’Afrique.
La cargaison militaire, transportée sur un navire de guerre arrivé dimanche, comprenait des canons antiaériens et de l’artillerie, rapporte l’agence de presse Reuters citant des responsables de la sécurité et du port.
Un journaliste de la BBC à Mogadiscio a lui-même vu des armes être transportées dans les rues de la ville.
Dans son message sur X, M. Nur est photographié dos à la caméra, regardant un navire de guerre amarré.
« La Somalie a dépassé le stade où elle se faisait dicter sa conduite et attendait l’approbation des autres pour savoir avec qui elle allait s’engager », a-t-il écrit.
« Nous connaissons nos propres intérêts et nous choisirons entre nos alliés et nos ennemis. Merci à l’Égypte. »
Ce sentiment est le résultat des changements d’alliances dans la Corne de l’Afrique.
L’Éthiopie soutient depuis des années le gouvernement de Mogadiscio dans sa lutte contre le groupe militant al-Shabab lié à Al-Qaïda.
Mais la Somalie est furieuse que l’Éthiopie, pays enclavé, ait signé un accord préliminaire au début de cette année avec la république autoproclamée du Somaliland pour louer une partie de son littoral. La Somalie considère le Somaliland comme faisant partie de son territoire.
En attendant, Addis-Abeba et Le Caire sont en désaccord depuis plus d’une décennie au sujet de la construction par l’Éthiopie d’un vaste barrage hydroélectrique sur le Nil. L’Égypte y voit une menace potentielle pour le volume d’eau qui coule le long du fleuve, dont elle dépend.
L’Ethiopie a exprimé son inquiétude face à l’arrivée des armes à Mogadiscio, affirmant qu’elles pourraient aggraver la situation sécuritaire en Somalie.
S’exprimant en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Taye Atske-Selasie, a déclaré que ces armes pourraient tomber entre les mains de militants.
Le Somaliland, qui n’est pas reconnu internationalement, a fait part lundi d’un message similaire, se déclarant « profondément alarmé » par cette livraison.
« La prolifération incontrôlée des armes dans un environnement déjà fragile accroît le risque d’une course aux armements, avec diverses factions cherchant probablement à acquérir leurs propres stocks afin de préserver leurs intérêts », a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Somaliland dans un communiqué.
Ce week-end, signe supplémentaire des tensions dans la région, l’Egypte a appelé ses citoyens vivant au Somaliland à quitter le pays pour des raisons de sécurité.
Ce n’est pas la première fois que des armes arrivent en Somalie depuis l’Egypte. En août, deux avions militaires égyptiens ont livré des armes et des munitions à Mogadiscio.
Cette livraison a eu lieu après un accord signé plus tôt en août lors d’une visite d’État au Caire du président somalien Hassan Sheikh Mohamud.
L’Éthiopie avait alors déclaré qu’elle ne pouvait pas « rester les bras croisés pendant que d’autres acteurs prenaient des mesures pour déstabiliser la région ».
Le ministre somalien de la Défense a répliqué en déclarant que l’Éthiopie devrait cesser de « se lamenter » car chacun « récoltera ce qu’il a semé » – une référence à la détérioration de leurs relations diplomatiques.
L’Éthiopie compte actuellement 3 000 soldats en Somalie dans le cadre d’une force de l’Union africaine qui soutient le gouvernement. Il est désormais prévu que jusqu’à 5 000 soldats égyptiens rejoignent une force de l’UA remaniée à la fin de l’année, et 5 000 autres devraient être déployés séparément.
L’Éthiopie compte également actuellement entre 5 000 et 7 000 soldats stationnés dans plusieurs régions dans le cadre d’accords bilatéraux distincts. Le Premier ministre somalien a prévenu l’Éthiopie qu’ils devraient se retirer à moins qu’elle ne se retire de l’accord portuaire avec le Somaliland.