Le président ougandais Yoweri Museveni a averti les manifestants qu’ils « joueraient avec le feu » s’ils poursuivaient leur projet d’organiser une marche anti-corruption devant le Parlement mardi.
De jeunes Ougandais ont organisé une marche sur les réseaux sociaux pour exiger la fin de la corruption au sein du gouvernement.
Ils ont été en partie inspirés par leurs homologues du Kenya voisin, qui ont organisé des manifestations de masse qui ont forcé le président William Ruto à abandonner son projet d’augmentation des impôts. Les protestations se sont depuis transformées en appels à sa démission.
Dans un discours télévisé, M. Museveni a averti les organisateurs ougandais que leur projet de manifestation ne serait pas toléré.
« Nous sommes occupés à produire de la richesse… et vous voulez nous déranger. Vous jouez avec le feu parce que nous ne pouvons pas vous permettre de nous déranger », a-t-il déclaré.
M. Museveni est accusé par ses détracteurs de diriger l’Ouganda d’une main de fer depuis son arrivée au pouvoir en 1986, mais ses partisans le félicitent pour avoir maintenu la stabilité dans cet État d’Afrique de l’Est.
Le président a également accusé certains organisateurs de la manifestation de « toujours travailler avec des étrangers » pour semer le chaos en Ouganda. Il n’a pas donné de détails.
La police avait annoncé plus tôt qu’elle avait refusé d’autoriser la marche.
L’un des principaux dirigeants de la protestation a déclaré à l’agence de presse AFP qu’ils allaient poursuivre cette action.
« Nous n’avons pas besoin de l’autorisation de la police pour organiser une manifestation pacifique. C’est notre droit constitutionnel », aurait déclaré Louez Aloikin Opolose.
Les gouvernements britannique et américain ont imposé des sanctions à la présidente du Parlement ougandais, Anita Annet Among, plus tôt cette année, après qu’elle ait été accusée de corruption.
Elle a nié tout acte répréhensible.
Les sanctions lui interdisent de voyager au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le Royaume-Uni a également annoncé qu’il lui imposerait un gel de ses avoirs.
Le Royaume-Uni a imposé des sanctions similaires à deux ministres du gouvernement qui ont été limogés par M. Museveni après avoir eux aussi été accusés de corruption.
Mary Goretti Kitutu et Agnes Nandutu ont été inculpées devant le tribunal pour un scandale impliquant le vol de milliers de tôles de toiture destinées aux communautés vulnérables de la région du nord-est de Karamoja.
Tous deux ont nié les accusations.
Au Kenya, le président Ruto a également appelé à la fin des manifestations qui ont frappé son gouvernement, déclarant : « Assez, c’est assez. »
Ces manifestations sont les plus importantes au Kenya depuis que M. Ruto a pris ses fonctions après avoir remporté les élections de 2022.
Les militants ont prévu de nouvelles manifestations mardi pour exiger sa démission et la fin de ce qu’ils appellent la mauvaise gouvernance.
S’adressant à un rassemblement dans l’ouest du comté de Bomet, M. Ruto a déclaré que les organisateurs de la manifestation ne pouvaient pas rester « anonymes » et qu’ils devaient « s’avancer et nous dire à quoi cette violence va aboutir ».
Certains manifestants ont pris d’assaut le Parlement le mois dernier, y ont incendié une partie et volé la masse, symbole de l’autorité du pouvoir législatif.
Les organisateurs de la manifestation affirment que leurs manifestations ont été largement pacifiques.
Ils accusent la police et l’armée d’avoir réagi par la force brutale et d’avoir tué des manifestants pacifiques.
Au moins 50 manifestants ont été tués et 413 blessés depuis le début des manifestations le 18 juin, selon la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya, financée par l’État.
Le principal leader de l’opposition kenyane, Raila Odinga, a exprimé sa solidarité avec les manifestants, affirmant que justice devait être rendue aux victimes avant que des négociations avec le gouvernement puissent avoir lieu.
La position de M. Odinga pourrait saper la tentative de M. Ruto d’inclure des membres de l’opposition dans son cabinet – une démarche dont on espère qu’elle contribuera à mettre fin aux manifestations menées par les jeunes.